L’Etudiant, le Souteneur et la jeune Naïve




D’après la Fontaine : »Le Chat, le Cochet et le Souriceau.





Une fille toute jeune et qui n’avait rien vu


Fut presque prise au dépourvu.


Voici comme elle conta l’aventure à sa mère :


J’avais franchi la grille qui borne notre jardin


Et marchait comme une jeune fille qui cherche à se donner carrière


Lorsque deux personnages m’ont arrêté les yeux.


L’un doux, élégant, gracieux


Et l’autre chevelu et plein d’inquiétude.


Il a la voix perçante et rude,


A la main un morceau de bois


Un genre de panneau qu’il élève en l’air


Comme pour vous en assommer, des slogans injurieux


Là-dessus étalés. Sans lui, j’aurais lié connaissance


Avec l’autre monsieur qui m’a semblé si doux


Il est souriant comme nous,


Des mains blanches, une belle prestance,


Un langoureux regard et pourtant l’œil luisant ;


Je le crois fort sympathisant avec les jouvencelles


Car il avait aux doigts des bijoux aux nôtres pareils.


Je l’allais aborder, quand en vociférant « à bas les profiteurs »


L’autre m’a fait prendre la fuite.


Ma fille, dit la Maman, cet homme est un maquereau


Qui, contre la féminité, d’un méchant dessein est porté.


L’autre quidam, tout au contraire, bien éloigné de nous malfaire


Servira quelque jour, peut-être, à te marier.


Quant au souteneur, c’est sur notre peau qu’il fait ses bénéfices.


Garde toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur la mine.

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