LE MAITRE ET L’ELEVE
De Michel Tournier
« Qu’il fait sombre dans cette classe
Rien qu’un mur gris, un tableau noir
Et puis toujours la même place
Et toujours le même devoir
Toujours, toujours ce même livre
Et toujours ce même cahier…
Peut-on appeler cela vivre ?
Moi je l’appelle s’ennuyer ! »
Ainsi parlait dans son école
Un petit écolier mutin
Le Maître alors prit la parole
Et lui dit : « Quoi ! Chaque matin
Toujours cette même chaire,
Répéter la même leçon,
Enseigner la même grammaire
A ce même petit garçon
Qui reste toujours quoiqu’on fasse
Ignorant, distrait, paresseux !
Lequel devrait dans cette classe
S’ennuyer le plus de nous deux ? »
LE NIL
Le Nil, fleuve d’Egypte a des rives fertiles,
Mais on y voit beaucoup, beaucoup de crocodiles
Ce sont de gros lézards qui mangent les enfants
N’allez donc pas jouer si loin, je le défends.
Mais nos enfants parfois ont de mauvaises têtes
Et Paul, cinq ans, mena sa sœur beaucoup trop loin.
Dans un pré, tout à coup, derrière une herbe haute
Un gros lézard parut et Paul compris sa faute.
Le danger était grand, lui était si petit
Mais plus petite encore l’enfant auprès de lui.
Sans une hésitation, se mettant derrière elle
La poussant doucement, lui disant à l’oreille
« Cours vite à la maison !» Il ne partit
qu’après
Ah ! le brave garçon, quel homme ! Il sait
déjà défendre ceux qu’il aime.
C’était un crocodile, à ses yeux, tout de même.
Poésie
«Un héros sans le savoir» est un poème de
Louis-Fortuné-Gustave Ratisbonne, littérateur français, né à Strasbourg en
1827, mort à Paris en 1900. Il fut nommé bibliothécaire de Fontainebleau en
1871, puis bibliothécaire du Sénat en 1875. On lui doit notamment une
traduction en vers de Dante, un drame et des recueils de poésie et de fables
morales. Il a par ailleurs publié les oeuvres posthumes d'Alfred de Vigny, dont
il fut l'exécuteur testamentaire.
Un garçon de dix ans au bord d'une rivière
Jouait aux ricochets avec des cailloux ronds.
Il oubliait l'école en regardant leurs bonds
Et les tresseaux de l'eau sous les coups de la pierre.
Un plus petit s'approche et veut en faire autant
Le pied lui glisse, il tombe et le courant l'entraîne
La rivière est profonde et la mort est certaine.
Il va périr, hélas, mais l'autre au même instant
S'élance en plein courant au péril de sa vie
Trois fois il plonge; enfin, après beaucoup d'efforts,
il atteint le bambin et l'arrache à la mort.
Sur le quai, cependant, une foule ravie
Acclame le sauveur et veut savoir son nom.
Mon nom, dit-il, pourquoi mon nom ?
Pour le dire à mon père, pour qu'il sache
que j'ai flâné le long de la rivière ?
Qu'il me batte, fit-il en s'esquivant. Ah non !
En savez-vous beaucoup, de héros dans l'histoire
Pas plus fiers que le mien, ignorants de leur gloire,
Refusant leur nom aux bravos ?
Héros sans le savoir, et, partant vrais héros !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire