Maman et sa petite voiture


D’après La Fontaine « le Cheval et le Loup »


Ma chère mère, dans la saison
Où les femmes contestent et veulent tout changer
Et que les banlieusards quittent  tous leur maison
Pour s’en aller pique-niquer
Ma mère, dis-je, au sortir de l’hiver
Découvrit un Ribout qui eut l’heur de lui plaire.

Je laisse à penser quelle joie.
Quelle chance, dit-elle, qui l’aurait à son croc,
Et que n’est-il gratuit, car il me serait hoc !
Au lieu qu’il faut payer pour avoir cette proie.
Payons donc. Ainsi fait, et son argent compté,
Se dit conductrice épatante,
Qu’elle connaît les vertus et les propriétés
De tout tricycle pouvant rouler
Et peut conduire, sans qu’elle s’en vante,
Toutes sortes d’engins. Si le Ribout voulait
Ne point refuser de partir
Elle, sûrement, le conduirait.
Car le voir en train de dormir,
Tousser ainsi sans démarrer,
Témoignait quelque mal, selon la mécanique.

J’ai, avoue-t-il mélancolique,
Dans mon gicleur des impuretés.
Mon Dieu ! répond ma mère, il n’est pas de portion
Susceptible de tant de maux.
J’ai l’honneur de soigner touts sortes d’autos
Et je fais les réparations.

Ma mère qui ne songeait qu’à tromper son patient
Comptait partir en titillant.
L’autre qui s’en doutait et voulait s’en venger
S’en va, rompant ses freins, les mettre en grand danger

En lui faisant une glissade
Qui vous lui mit en marmelade
Toute se carrosserie avant.

C’est bien fait, dit ma mère, en soi-même morose
Chacun à son métier doit toujours s’attacher
J’ai voulu faire la virtuose
J’aurais mieux fait… d’aller à pied !





Pour Maman, le 28 février 1975

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